Axes thématiques > Modélisation des situations francophones

Axe 4. Status (sic) et corpus, modélisation des situations francophones.

Dans un ouvrage désormais classique, Chaudenson et divers contributeurs[1]ont proposé une grille d’analyse des situations francophones fondée sur les critères sociolinguistiques du corpus (les usages de la langue, les pratiques langagières, l’inscription du français oral ou écrit dans les répertoires) et du status ((co-)officialité, prestige, etc.). Le corpus se définissait notamment par les paramètres suivants : acquisition, apprentissage, vernacularisation, véhicularisation, compétence, production langagière, exposition langagière. Le status (qui englobe le statut, notamment les représentations, le prestiqge, etc.) se caractérisait par l’officialité, les usages « institutionnalisés » (textes officiels, textes administratifs nationaux, justice, administration locale, religion), l’éducation, du primaire au supérieur, les médias, le secteur secondaire et tertiaire privé, la mobilité professionnelle. En fonction de cette grille, les auteurs distinguaient trois types de situation sociolinguistique : type I (statut effectif, mais corpus faible), type II (statut et corpus forts), type III (status faible ou absent, corpus présent ou fort). Cette grille permettait à la fois de quantifier, à l’aide de données factuelles ou de statistiques, aussi bien que de qualifier les situations francophones dans le monde. Qu’en est-il plus de 30 ans plus tard ? En quoi ces critères sont-ils toujours valides ou pertinents ? En quoi leurs contenus ont-ils été modifiés par la globalisation ? En quoi peut-on l’améliorer, voire la remplacer par un dispositif plus adapté aux changements survenus, en cours ou à venir, dans ce domaine des relations entre corpus et status ? Ou bien doit-on fonder l’analyse des situations sociolinguistiques, notamment de contacts de langue, sur d’autres dimensions, d’autres polarités, d’autres critères ? De manière analogue, il serait bon de revisiter les modèles descriptifs et explicatifs existants – tout comme le proposaient les auteurs au début de l’opus cité, qui avaient confronté notamment leur modèle corpus/statut avec d’autres modèles, comme celui de Willy Bal (superposition, importation, rayonnement, implantation). De même, les  polarités de W. Bal, telles que langue valorisée/dépréciée, langue protégée/combattue, langue polyfonctionnelle/à emplois limités, langue maternelle/officielle/d’appoint sont-elles encore heuristiques ? Quelles sont les tendances émergentes, en termes de modèles et modélisations, aussi bien sur le plan quantitatif (approche statistique et algorithmique) que qualitatif (approche herméneutique) ? Dans quels espaces francophones (Amériques, Afrique, Océanie, Europe...), et avec quelle spécificité ?



 Chaudenson, Robert & al. 1991. La francophonie : représentations, réalités, perspectives, Aix-en-Provence & Paris, Institut d’études créoles et francophones, Didier Erudition.

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